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Le courage de penser africain

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Le courage de penser africain  Par  Jean-Luc MULYANGA   « L’on ne peut réfléchir qu’à partir d’un lieu pratique et théorique donné » [1] En guise d’exorde, le  leitmotiv de notre dissertation est la sensibilisation de l’Africain à réfléchir, de façon purement africaine au sujet de son quotidien. Il doit pour cela, être mieux informé des situations politique, sociale, religieuse, économique… de son contexte afin d’y apporter un jugement critique qui soit crédible pour l’Afrique. Nous inviterons l’Africain à se redonner espoir, à être fier de sa raison qui mobilise sa réflexion et surtout qu’il ne doit, pas chercher à l’emprunter ailleurs car il la possède. Le retour pour cet Africain à ses origines afin de bien se (re) lancer, pour prendre conscience de sa responsabilité, dans son contexte politique et social, ne manquera de retenir notre attention. Retour aux origines « … je suis noir et je me glorifie de ce nom, je suis fier du sang qui co...

À toi femme

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À toi femme Par Jean-Luc  MULYANGA C’est avec un cœur qui oscille à la fois entre la tristesse et la joie, que je couche ces lignes qui te sont adressées toi femme Africaine. Je suis un jeune homme qui a lu, vu, et entendu ; un jeune homme qui a essayé de comprendre ton histoire glorieuse à travers de beaux récits qui te sont adressés. Je suis un jeune homme à la fois témoin et acteur ton engagement pour la défense la dignité et de la valeur de celle avec qui tu partages le même genre. Dans cette lutte, n’oublie jamais ton rôle ultime en ce monde : donner, respecter et faire respecter la vie. Tu es l’âme de la société : celle qui transmet et qui lutte pour la vie ; tu joues donc le rôle de « mère génitrice », détentrice du secret de la fécondité de la terre. Chez certains peuples, tu es considérée comme délégation divine : celle qui détient le secret de la vie et de la mort. Dans le deuxième récit de la création de la tradition chréti...

Les populations de Beni et de Butembo (RD Congo) ou le courage de la lutte pour la démocratie

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Résumé :  Les populations de Beni et de Butembo (RD Congo) ou le courage de la lutte pour la démocratie   Deux questions recoupent l’opinion par rapport aux scrutins organisés par les populations de Beni et de Butembo le 30 décembre 2018: quel est le statut de ces élections ? Et quel est leur signifié ? Notre réflexion prend en charge ces deux questions. D’une part, nous affirmons que ces scrutins ont été légitimes et leur légalité reste ouverte à la discussion. D’autre part, nous lisons dans l’acte posé par les populations de Beni et de Butembo le désir de rupture avec l’ordre politique en place, et la volonté de construire une société qui donne des raisons d’espérer.    A lire dans La Revue Congo-Afrique, numéro 532-Février-2019 Pp 137-144.   

L’espace Afrocongolais met-il notre raison à l’épreuve ?

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L’espace Afrocongolais met-il notre raison à l’épreuve ? [1] Par Christian MUKADI 1.  Les théories sociopolitiques classiques semblent être en mal de prendre en charge la crise qui se vit dans l’espace afrocongolais. En réfléchissant sur la situation sociopolitique en Afrique, en général, et au Congo-Kinshasa, en particulier, l’on a l’impression que les théories sociopolitiques (justice, liberté, démocratie, droit, développement, etc.) héritées de canaux eurocentriques, semblent être en mal de s’entrainer dans le train-train de la quotidienneté afrocongolaise. En ce sens, l’espace afrocongolais semble être en crise paradigmatique. Cette difficulté d’une théorisation pertinente de ce qui se passe sur notre espace de vie peut être attribuée à deux attitudes qu’adoptent plus d’un scholar Afrocongolais.  2.  D’un côté, l’erreur de penser la situation sociopolitique afrocongolaise à la lumière des canaux eurocentriques. Plusieurs auteurs Afrocongolais prennent ...

La vocation de l’universel

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La  vocation de l’universel 1. De la responsabilité que j’ai envers mon prochain, E. Levinas disait ceci :  q uoiqu’il advienne, je suis responsable de la responsabilité de l'autre ( Autrement qu’être ou Au-delà de l’essence ).  Par cette phrase, ce philosophe Français voulait nous rappeler que par le fait d’ être  — humain, nous sommes responsables de l’ Autre  ; jusqu’au point où cet  Autre  nous prend en otage ; c’est-à-dire fait de nous son gardien.  2. Ainsi, notre vocation la plus profonde consiste à être responsable de l’ Autre  tel qu’il m’apparaît. Et chaque fois que nous rencontrons l’ Autre , la  nudité  de son visage nous rappelle notre vocation : être  otage  de l’ Autre . Par nudité, Levinas entend la manière dont l’autre m’apparait dans son vécu quotidien : dans sa misère, sa famine, sa soif ; dans sa fragilité ; dans ce qu’il subit comme persécution, comme discrimination,...

Noël, une fête de joie?

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Noël, une fête de joie ? Le Verbe se fait chair et a habité parmi nous : nous sommes dans la joie ! 1. L’Événement que nous célébrons à Noël est celui annoncé dans l’ancienne Alliance par les prophètes (Is. 7, 10-16). Il est aussi celui annoncé dans la nouvelle Alliance à la Vierge Marie par l’ange Gabriel (Luc 1,26-38). Nous fêtons l’ Av ènement d’un Dieu qui choisit d’assumer la condition humaine. Noël est l’Avènement d’un Sauveur né dans une mangeoire, un Roi d’humilité, un Roi sans éclat, sans palais. Un Dieu endormi sur la paille, un Roi couché dans une crèche.  Le décor que nous présente Noël peut paraître désarçonnant : voir en cet enfant couché sur la paille le Sauveur de l’Humanité ! Cela peut paraître absurde. Cependant, au cœur de ces apparences sobres que nous présente Noël, se cache un splendide échange où  Dieu se fait homme pour que l’homme soit dieu (St. Iréné).  Ce par cet échange merveilleux que nous sommes restaurés dans n...

« La violence en RDC, c’est assez ! Trop c’est trop ! La paix maintenant ! »

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Intégralité du discours du Dr Demis Mukwege, Prix Nobel 2018 à Oslo Dans la nuit tragique du 6 octobre 1996, des rebelles ont attaqué notre hôpital à Lemera, en République Démocratique du Congo (RDC). Plus de trente personnes tuées. Les patients abattus dans leur lit à bout portant. Le personnel ne pouvant pas fuir tué de sang-froid. Je ne pouvais pas m’imaginer que ce n’était que le début. Obligés de quitter Lemera, en 1999 nous avons créé l’hôpital de Panzi à Bukavu où je travaille encore aujourd’hui comme gynécologue-obstétricien. La première patiente admise était une victime de viol ayant reçu un coup de feu dans ses organes génitaux. La violence macabre ne connaissait aucune limite. Cette violence malheureusement ne s’est jamais arrêtée. Un jour comme les autres, l’hôpital a reçu un appel. Au bout du fil, un collègue en larmes implorait : « S’il vous plaît, envoyez-nous rapidement une ambulance. S’il vous plait, dépêchez-vous. » Ainsi, nous avons envoyé une...