À toi femme


À toi femme

Par Jean-Luc MULYANGA

C’est avec un cœur qui oscille à la fois entre la tristesse et la joie, que je couche ces lignes qui te sont adressées toi femme Africaine.
Je suis un jeune homme qui a lu, vu, et entendu ; un jeune homme qui a essayé de comprendre ton histoire glorieuse à travers de beaux récits qui te sont adressés. Je suis un jeune homme à la fois témoin et acteur ton engagement pour la défense la dignité et de la valeur de celle avec qui tu partages le même genre. Dans cette lutte, n’oublie jamais ton rôle ultime en ce monde : donner, respecter et faire respecter la vie. Tu es l’âme de la société : celle qui transmet et qui lutte pour la vie ; tu joues donc le rôle de « mère génitrice », détentrice du secret de la fécondité de la terre. Chez certains peuples, tu es considérée comme délégation divine : celle qui détient le secret de la vie et de la mort.

Dans le deuxième récit de la création de la tradition chrétienne, il est dit qu’à l’heure où Dieu te créait, l’homme était dans un profond sommeil (Genèse 2, 21) : symbolique de la mort. C’est quand Dieu t’amena à côté de l’homme que celui-ci s’écria : …c’est l’os de mes os et la chair de ma chair !(Genèse 2, 23). L’on dirait que l’homme revient à la vie suite par ta médiation. En ce sens tu es celle qui « ré-veille » (sur) l’homme de son sommeil, de la dormition. C’est une réalité similaire que l’on rencontre dans la mythologie égyptienne d’Osiriset Isis. Dans ce récit mythique ton rôle se montre non seulement comme celui consistant à donner la vie, mais aussi de sauver la vie, de l’arracher aux forces du mal. En effet, c’est Isisqui ressuscite Osiris, c’est aussi elle qui donne naissance à Horus. Dans les deux cas c’est toi qui es artisane de la victoire de la vie sur la mort. Tu triomphes de la mort en ressuscitant Osiriset en donnant naissance à Horus. C’est un double aspect de « maternité » qui se déploie : résurrection et naissance.En considérant les lignes qui précèdent, l’on se rend compte que ton rôle est d’abord « maternel », non au sens d’une génitalité incontrôlée, mais au sens où tu es celle qui donne vie et veille à sauvegarder cette vie.[1]

Au regard de ce que tu représentes, dans notre société, t’opprimer c’est opprimer toute l’humanité ; c’est qui est une cruauté. Je m’insurge contre tout système social qui te relègue au second rang. Bien de fois tu es réduite au même titre que les biens matériels. Ainsi, même si, nous pouvons compter en Afrique quelques têtes parmi les femmes, il reste une large majorité de siennes qui se trouvent condamner à l’analphabétisme, soit les familles privilégient les garçons à ton détriment ; soit que les hommes choisissent celle de tes semblables illettrées pour s’assurer leur soumission en tout. 
Chez nous, en Afrique, tu es épouse et mère ; et bien souvent tu es évaluée en fonction de ta fécondité. Dès le bas âge, nous le remarquons dans nos familles, nos mères te préparent à assumer son rôle à la perfection. En dépit de tout ce que tu subis comme réalités malencontreuses, en dépit de tout ce que tu vis comme horreur, je continue à croire que tu as encore le rôle de Ruth à jouer sur ce continent qui est encore dans la douleur de l’enfantement. Un enfantement dont seule toi et le Créateur connaissez le prix. 
En effet, le récit du livre de Ruth se situe au temps des Juges, à l’époque de Chamgar (Cf. Juges 3,31) ou celle de Gédéon où Israël souffrant de la famine à cause des incursions Madianites (Cf. Juges 6, 2-6). Le livre se situe dans une époque troublée de l’histoire d’Israël marquée par l’insécurité et la décadence religieuse et morale. Notre Afrique, éprouve aussi des difficultés de tout genre ; mais comme Ruth, la femme africaine peut aussi aider la société à surmonter les épreuves diverses et apporter sa pierre à la construction de l’édifice africaine. Une Afrique qui vit dans la quiétude et la prospérité. L’espérance ne trompe jamais. Et Ruth en est la preuve féminine. Le livre exalte l’amitié, la piété filiale, la sollicitude pour ce que la vie a éprouvé, la fidélité dans les relations humaines et la foi en Dieu. Noémi, veuve qui se sent abandonnée de Dieu et promise à la mort est une figure du peuple désespéré. 
Notre Afrique « hurle de douleur », mais avec toi femme Africaine, nous gardons l’espoir que tu continueras à élever i ta voix et qu’elle sera entendue pour que la vie pour laquelle tu lutte, au propre et au figuré, soit respectée à sa juste valeur.  



[1]Cf. Christian MUKADI, SJ « Et si la femme jouait son rôle dans la société ? » inDIA, Éditorial N°8 du 03 au 09 Avril 2016. 

Commentaires

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    1. J'ai bien aimé ton texte il met en avant le rôle de la femme et dénonce en même temps la dévalorisation que les femmes subissent comme ne pas être scolarisé ou encore être considéré comme << objet >> j'ai vraiment aimé ton texte

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  2. La vie est sacrée et nous en sommes hauteur avec la collaboration de Dieu femmes revêtons nos valeurs pour que l'humanité puisse espéré à la vie

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    1. Si pas toutes les femmes, mais la majorité pouvait lire cet appel; vous changerez le monde. Bravo!

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    2. This is so powerful my brother. Let the almighty continue to give you more wisdom

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  3. Je suis Tres contente de tavoir Comme Mon petit frere courage frere Que Dieu taide

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    1. Très content de t'avoir aussi comme grande soeur. Car ce que je suis est bien le fruit d'une éducation reçue dans une famille. Bonne fête !

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  4. De nos jours,peu reconnaissent la valeur d'une femme. Par ton texte,les femmes se sentent honorées. Merci et courage!

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    1. Que ce texte vous honore davantage afin que votre identité soit connue et appréciée de tous. Grand merci... bonne fête!

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  5. une bonne réflexion sur la femme, cette mère qui nous donne la vie, qui permet la continuité et la survie du genre humain. Que la femme africaine se sente importante dans la vie de notre société car à mon avis une société sans femme est vouée à l'échec. Et d'ailleurs nous disons que derrière un grand homme se trouve une grande femme. Courage pour votre réflexion

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  6. Je manque des mot parce que le texte dit tout merci pour cette oeuvre sur la femme africaine je vais le partagé avec fierté. Courage mon frère

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  7. Texte que j'appelle à double genre ; tu rappelle la femme l'importance qu'elle a et qu'elle semble oublier dans ce monde en pleines mutations. Femme Africaine, femme de défense,du prix. Les hommes de valeurs se souviendront d'elles et les traiteront avec un degré élevé du respect à leur égard. Femme, debout, resplendis et montre-toi l'idéale parfaite d'une Afrique meilleure, d'une Afrique qui,en faisant recours au passé, peut bien décoller et donner le meilleur d'elle-même.
    Bon courage cher ami pour ta rédaction si riche en ce qui leur est dédié pour qu'elles réfléchissent beaucoup plus sur qu'elles sont. "Duc in altum !"

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    1. Eh bien! Quel ajout manifeste! Grand merci Daniel. Ne cesse de maintenir le cap vers l'essentiel. Duc in altum!

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  8. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  9. Cher Jean-Luc, félicitation pour ton texte. Tiens bon sur le chemin de l'excellence. Une Voie qui exige ascèse et abnégation ! Bon vent à ta plume.

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  10. Merci et félicitations cher Jean Luc Mulyanga

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  11. Je te laisse un mot sur ton Gmail

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  12. Félicitations et bon courage Jean Luc
    Et merci de nous faire honneur par ton texte

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  13. De tout coeur, merci à toutes et à tous pour vos mots d'encouragement. Nous espérons ne pas couper votre soif à nous lire... à très bientôt chers lecteurs.

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  14. Grandissime est ma joie et immense ma fierté de lire ta plume.félicitations et courage.va plus loin

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  15. Cher Jean-Luc, j'aimerais m'adresser à toi de deux manières: comme écrivain et comme personne (ami).

    Comme écrivain. Il sied de reconnaître que sans inspiration et imagination l'écriture tombe caduque. Pour cette raison, le monde se penche constamment vers l'homo faber le préférant à l'homo loquax. La femme, telle qu'en parlent les médias et les blagues, est un mystère. Elle l'est dans la mesure où il n'est pas facile de la comprendre. Comme bien le dit ton texte: ''Son rôle est de donner, respecter et faire respecter la vie''. Si elle-même la femme ne se comprend, car plusieurs d'elles s'adonnent à l'avortement, combien plus forte raison le pourra un homme.

    C'est incompréhension est une des sources du machisme, une des plus grandes et honteuse page de l'humanité. Promouvant sa dignité de mère et de première éducatrice de l'humanité, d'aucuns proclament ''sa délégation divine qui détient le secret de la vie et de la mort''.
    Le récit de la création nous donne la chance de découvrir l'origine du langage et, par ricochet, le tout premier poème déclamé par l'homme (Adam). Étant seule dans le jardin d'Eden, celui-ci ne savait avec qui parler car supérieur en dignité au reste de son entourage.

    L'occasion du langage et du poème d'Adam est sa rencontre avec la femme (Eve). Celle-ci paraît être inférieure à l'homme pour le fait de provenir de ses côtes, symbole de tendresse, de douceur et d'égalité. La femme est alors un produit fini et l'homme le produit brute.

    Comme personne (ami), je te félicite pour ton courage et ta constance. Pendant que la majorité paresse, toi tu te remets à ces études. Pour cette raison, je ''nous'' demande d'élaborer un texte adressé aux femmes victimes de violences sexuelles et à celles qui ne peuvent naturellement devenir mère.

    Duc in Altum!
    Avec toi, Emmanuel Lwamba B.

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  16. Cher Emmanuel, faramineuse est ma joie de te lire. Merci pour la pertinente considération adressée à mon texte et à ma personne. Merci infiniment, je te suis gré.
    Toujours avec toi, Jean-Luc!

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    1. J'ai bien aimé ton texte il met en avant le rôle de la femme et dénonce en même temps la dévalorisation que les femmes subissent comme ne pas être scolarisé ou encore être considéré comme << objet >> j'ai vraiment aimé ton texte

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    2. Quelle joie de te lire chère Vedastine ! Merci pour ta note qui vaut son pesant d'or et qui mérite ma gratitude. Bonne suite dans tes clinquantes réflexions.

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