Noël, une fête de joie?
Noël, une fête de joie ?
Le Verbe se fait chair et a habité parmi nous : nous sommes dans la joie !
1.L’Événement que nous célébrons à Noël est celui annoncé dans l’ancienne Alliance par les prophètes (Is. 7, 10-16). Il est aussi celui annoncé dans la nouvelle Alliance à la Vierge Marie par l’ange Gabriel (Luc 1,26-38). Nous fêtons l’Avènement d’un Dieu qui choisit d’assumer la condition humaine. Noël est l’Avènement d’un Sauveur né dans une mangeoire, un Roi d’humilité, un Roi sans éclat, sans palais. Un Dieu endormi sur la paille, un Roi couché dans une crèche. Le décor que nous présente Noël peut paraître désarçonnant : voir en cet enfant couché sur la paille le Sauveur de l’Humanité ! Cela peut paraître absurde. Cependant, au cœur de ces apparences sobres que nous présente Noël, se cache un splendide échange où Dieu se fait homme pour que l’homme soit dieu(St. Iréné). Ce par cet échange merveilleux que nous sommes restaurés dans notre nature première : êtres crées un peu moindre que des dieux (Ps. 8).
2.La restauration de l’Humanité que consacre l’Incarnation nous procure la joie en plénitude. En effet, la joie est le trait commun que l’on retrouve chez tous les personnages qui décorent Noël. La joie que Dieu éprouve en réalisant son projet de rédemption (Luc 2, 10-). La joie que Marie exprime dans le Magnificat. La joie qui fait tressaillir d’allégresse Jean Baptiste dans le sein d’Élisabeth. La joie qu’éprouve cette dernière lorsqu’elle reçoit la visite de la mère du Sauveur (Luc1, 39-43). La joie qu’ont les Anges dans les cieux. Une joie qui les fait chanter hosanna au plus haut des cieux (Luc 2, 14).
Il est venu dans le monde et le monde ne l’a pas reconnu
3.Le contexte dans lequel nous célébrons ce sublime Mystère de l’Incarnation peut nous donner l’impression que Noël est simplement un conte de fée qui date des premières heures de notre ère, et qui n’a rien à voir avec notre réalité. Comment parler de la joie qu’apporte Noël aux hommes et aux femmes qui expérimentent jour après jour une vie incertaine ? Comment croire que Dieu est parmi nous (Emmanuel) et qu’il est Roi de justice et de paix devant ce tableau si sombre que nous présente notre société ? Il peut paraître absurde même de dire Joyeux Noël dans le contexte qui est le nôtre. Celui d’une vie vécue sous la modalité d’être-violé et violenté, méprisé. Une vie de précarité entretenue par une minorité d’individus au détriment de l’ensemble de la société. Une vie de vingt-quatre heures renouvelablesparce que marquée par l’oppression, l’insécurité sociopolitique, voir anthropologique. Toutes ces réalités macabres peuvent nous faire croire que la joie de Noëlest à expérimenter dans un horizon à venir. Notre foi en l’Emmanuel est mis à l’épreuve par un quotidien marqué par toute forme de violence et de peur d’un lendemain qui n’apparaît que dans un clair-obscur.
4.Croire en l’Incarnation, signifie que l’on reconnaît en chaque être humain la présence du divin : Le Christ, en venant dans ce monde, a assumé notre humanité. Ainsi, par l’Incarnation, l’Humanité est restaurée, élevée au rang de la divinité. En ce sens, toute forme de violence, physique, psychologique, idéologique, sociale, économique, politique, informatique ou biologique que subit l’Homme, deviennent des « défis » lancés à l’Incarnation. Laviolence que subit l’Humanité ainsi que notre indifférence active et passive qui l’accompagne sont les expressions d’un cœur humain blessé par le péché aussi bien personnel que collectif. Un cœur qui marche encore dans la grande nuit (Is 9, 1-6). Les paroles de saint Jean trouvent écho dans notre société : Il est venu dans le monde et le monde ne l’a pas reconnu.L’on ne peut pas prétendre prendre au sérieux l’Incarnation et même temps violer — au propre et au figuré —, oppresser, tuer, massacrer et torturer l’humain que Jésus a assumé, restauré et sauvé.
Mais tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn. 1, 12)
5.Devenir enfants de Dieu signifie prendre au sérieux l’Incarnation : travailler pour une Humanité plus digne. En œuvrant individuellement et collectivement pour un monde humanisé, la joie que nous apporte le mystère de l’Incarnation n’aura plus des apparences d’une joie contée ; mais la réalité d’une joie comptée par milliers. Il s’agira cette fois-là d’une joie qui prend chair et qui fait objet de nos expériences quotidiennes. Cette joie même dont nous annonce l’Évangile ; celle qui se ressent au plus profond de notre être. Une joie dont — même au cœur de nos réalités tragicomiques — personne ne peut nous l’arracher. Noël sera pour nous une fête de joie dans la mesure où nous travaillons pour augmenter le plaisir d’exister aussi bien en nous-mêmes que dans l’Autre.
6.Puisse notre Seigneur nous donner la joie en plénitude. Ainsi, nous pouvons faire nôtre ces paroles du prophète Isaïe : nous sommes dans la joie parce que le Seigneur a consolé son peuple en montrant la force divine de son bras à toutes les nations (Is. 52, 9). Puisse l’avènement de Noël réconforter notre espérance en ce Dieu qui, au commencement a parlé à nos pères et dans nos différentes cultures sous des formes fragmentaires et variées, en ces temps qui sont les derniers Il a choisi de nous parler par son Fils qu’Il a établi héritier de toutes choses et par qui Il a créé le monde (He 1, 1-). Ainsi, nous serons toujours dans la joie ; parce que notre espéranceest placée dans la main puissante de Dieu. Puisse Dieu habiter parmi nous et nous donner la joie.
Christian Mukadi, sj
Merci Christian. J'ai bien lu ta méditation "ici" avant tout. Et belle initiative de garder ces archives, lieu d'évangélisation aussi. Joyeux Noël
RépondreSupprimerMerci beaucoup Père Père Daniel. Que l'Emmanuel nous apporte la paix et la joie en plénitude.
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