Relations Afrique-Asie : fondements, enjeux et perspectives
Relations Afrique-Asie : fondements,
enjeux et perspectives
1. La radioscopie économique du continent africain laisse
transparaitre la réalité selon laquelle les capitaux asiatiques injectés en
Afrique se sont multipliés par dix depuis les années deux milles. Les Nations
Unies estiment que les investissements directs des pays asiatiques en Afrique
ont dépassés la barre de 5. 044 billons de dollars américains en 2005 (UNCTAD).
Cette augmentation spectaculaire traduit une véritable faim d’éléphant qu’ont
les investisseurs orientaux. Aucun secteur n’est épargné par les capitaux
asiatiques ; des mines aux infrastructures, en passant par l’énergie, les
finances, la télécommunication, les numériques, la technologie et les services.
Cependant, si la présence omnipotente et omniprésente des investisseurs
asiatiques enchante et conforte les uns, les autres voient dans les relations afro-asiatiques
une forme de prédation et de néo-colonialisme. Ainsi, les relations entre
l’Afrique et l’Asie du Sud-Est sont appréciées de manière très controversée. Au-delà
des apparences et des tapages politiciennes, quelles sont les fondements, les
enjeux et les perspectives des relations l’Afrique-Asie (du Sud-Est) ?
2. Tous les indicateurs humains, culturels, énergétiques,
etc., montrent que l’avenir de l’humanité se joue entre l’Afrique et l’Asie (du
Sud-Est ?). Ces deux continents représenteront les deux tiers de
l’humanité à l’horizon 2060 en raison de leurs poids démographies ; avec
une jeunesse dynamique et de plus et plus entreprenante. En mettant des bémols
sur le Japon et la Coré du Sud — qui connaissent une sérieuse crise
démographique depuis le début des année 1990 — les deux parties du monde constituent
l’horizon vers lequel se tourne l’avenir de l’humanité.
3. Les relations Afro-asiatiques remontent à l’histoire même de
l’humanité et de peuplement ; et non du 15è siècle comme le prétendent
certaines pensées eurocentristes. En effet, il est un fait que l’Asie a été
initialement peuplé par les mouvements migratoires des Noirs venus d’Afrique de
l’Est il y a environ un à deux millions
d’années. L’on
note des échanges commerciaux entre l’Asie et l’Afrique au 14è siècle. A l’époque
contemporaine les relations entre les deux continents ont été idéologiquement
et politiquement fondés durant la
lutte pour l’autonomie des « nations du Sud » ; laquelle lutte qui a
réuni à Bandung (1953) les leaders de ce que les eurocentriste appellent « tiers
monde ». La conférence de Bandung a balisé les deux principes majeurs qui guident
(théoriquement ?) encore aujourd’hui les relations entre la plupart des pays
africains et asiatiques : la non-ingérence dans les affaires intérieures
des États, et les partenariats gagnant-gagnants.
3. Dans la foulée, les relations entre l’Afrique et l’Asie du
Sud-Est s’accroissent de manière spectaculaire. Avec la Chine et l’Inde en
tête, les pays de l’Asie du Sud-Est (Inde, Chine, Coré du Sud et Japon)
battent le record en termes d’investissements en Afrique. La Chine à elle seule
compte plus de 10. 000 entreprises publiques et privées sur le continent et pèse
plus de 188 billons de dollars. En plus, lors du septième sommet de la FOCAC[1]
Xi Jinping a promis un décaissement de 60 milliards de dollars
comme aide pour l’Afrique entre 2019 et 2021.
4. Luttant contre les pratiques prédatrices des pays
occidentaux, les leaders Africains ont toujours vu dans leurs homologues
Asiatiques des partenaires crédibles et des alliés dans la lutte pour
l’indépendance aussi bien politique qu’économique de leurs États. La conférence
de Bandung, les rapprochements entre Mao Zedong et plusieurs leaders Africains vers
les années 1970 ; et tout récemment les initiatives telles que la FOCAC ou la TICAD[2] en sont des indices. En effet, pour plusieurs leaders africains, l’alternative asiatique a toujours
constitué une opportunité qui permet de se débarrasser d’un Occident encombrant
et prédateur. Mettant en pratique les idéaux de Bandung, les pays comme la
Chine s’est toujours dit respectueux de l’indépendance des États. C’est en ce sens
que le président Chinois affirmait lors du septième
sommet Chine-Afrique : ‘’les investissements de la Chine en Afrique ne
s'accompagnent d'aucune condition politique. La Chine ne s'immisce pas dans les
affaires intérieures de l'Afrique et ne lui impose pas sa volonté ; même
si elle cherche toujours à s’assurer de la viabilité commerciale des projets
afin de "réduire les risques des investissements.’’
5. L’histoire récente nous apprend qu’au fil des années, les
pays Asiatiques ont pu inventer le possible en investissant dans tous les
demains possibles afin, non seulement de rendre son espace de vie vivable et
vivable mais aussi et surtout afin d’imposer une certaine marche au
monde : il y a une certaine volonté de paissance qui anime les pays de
asiatiques. Pour attendre un tel objectif, ils ont mis un accent particulier
sur les nouvelles technologies et les technologies du futur. Ainsi, aujourd’hui ces pays sont
devenus, d’une manière ou d’une autre, les locomotives de l’économie mondiale. La
monté en puissance des États de l’Asie du Sud-Est a eu comme conséquence majeur
le shift géopolitique,
économique et sociale. Un bouleversement majeur et consommé. Il s’agit
d’une réalité amère pour puissances Occidentales. En effet, l’Occident qui a
considéré pendant plusieurs années l’Afrique comme un réservoir est en train de
se voir mis à l’écart par les pays de l’Asie du Sud-Est. Et au cœur de ce
shift l’enjeu est le control de l’Afrique. Avec l’avènement de l’internet,
le maître du monde est celui qui contrôle l’information ; la guerre du 21è
siècle est une guerre de la possession de l’information : une guerre
numérique. C’est en ce sens que les investissements Sud-Est asiatiques n’épargnent
aucun domaine de la vie. Et depuis l’avènement de la computation et le boom
numérique, l’industrie technologique et les projets sur intelligence
artificielle connaissent un succès sans précédent. Le succès de la volonté de
puissance des pays de l’Asie du Sud-Est est tributaire de son système de
développement basé sur sa vision du monde certes; cependant, le succès de sa
technologie, de son entreprise automobile, son industrie et son économie
numérique tient de l’accessibilité aux matières premières. Jusqu’à preuve du
contraire, les matières premières essentielles à la réalisation des composantes
hardwares et les supports des composantes softwares utilisés dans les nouvelles
technologies et les technologies du futur ne sont facilement accessibles qu’en
Afrique. De ce fait, pour les investisseurs Asiatiques l’Afrique est une
véritable poule aux œufs d’or.
6. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la
configuration géopolitique et économique du monde se fait et se refait à la
vitesse de de la lumière. Dans ce contexte de globalisation qui est caractérisé
par la compétitivité et l’efficacité, les États se positionnent en
fonction de ce qui les rendent forts et compétitifs dans le concert des nations.
Ainsi, les relations de partenariat et de coopération deviennent désuètes, et
celle d’alliés font surface. Les alliances se font et se refont selon les intérêts
économiques bien définis. La variante économique semble être déterminante dans les
relations entre États. En outre, sorti du stade des pays ‘’sous-développés’’
après la seconde guerre mondiale, les pays tels que la Chine, le Japon et la Coré
du Sud qui ont pris la locomotive de la marche de l’économie mondiale.[3] Aujourd’hui, l’Afrique voit dans ces pays de
l’Asie du Sud-Est ses ‘’partenaires pour au développement’’. Il n’y a pas
moins de cinquante ans que ces pays avaient les mêmes « indicent de
développement humain » certains
pays africains. Aujourd’hui ces pays sont devenus des pièces maîtrises dans
l’économie mondiale. Les USA ne savent rien faire sans la Chine. Les récentes confortations
entre les USA et la Chine au sujet de la tarification douanière sont une
illustration de la place qu’occupe la Chine dans l’architecture économique
mondiale.
7. Les intérêts, au sens propre comme au sens figuré,
constituent le maître-mot des interactions entre l’Occident, l’Asie et
l’Afrique. Malheureusement, il n’y que les pays Africains qui croient encore à l’aide extérieur et à l’appuis au développement. Des notions
pourtant déconstruites pièce sur pièce par des auteurs tels que D. Moyo (Dead Aid) et F. Sarr (Afrotopia). Le retour à l’essentiel urge
pour États africains. Et en premier figure l’éducation de qualité, la recherche,
l’appropriation des technologies, la promotion de la culture, etc. Nous ne
pouvons pas résoudre les questions africaines aves des solutions chinoises,
indiennes, japonaises ou coréennes. Ces pays — à l’exception du Japon qui a
reçu un support financier considérable des USA — n’ont reçu l’aide de personne
pour devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Ils n’ont pas cherché à importer les
solutions prêt-à-porter aux questions qui étaient les leurs. Il nous faut un
peu d’audace de proposer des réponses à nos questions sociétales à partir de
notre réalité culturelle.
Christian Mukadi
[3] David Harvey, A
brief history of neoliberalism, Ed. Oxford Press University, New York, 2005. P.
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